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L’usure de compassion
Et toi, sais-tu ce qu’est l’usure de compassion ? Possible que tu en as en déjà entendu parler.
Mme Johanne Lessard. M.A., chargée d’enseignement, Université Laval, décrit l’usure de compassion comme suit : L’usure de compassion correspond à ce qui est vécu quand aider les autres entraîne des compromis dans notre bien-être. Cette fatigue est tributaire des conditions de travail, du type de travail et de la personnalité du travailleur.
Le terme anglais « compassion fatigue » apparaît en 1992, pour la première fois et désigne l’épuisement des infirmières qui répondent quotidiennement aux urgences dans les hôpitaux.
Quel est donc la différence de l’usure de compassion dans la cause animale ?
Dans le domaine animal, voici la définition de Charles Figely, docteur et directeur de Tulane Traumatology Institute :
« Un épuisement émotionnel, provoqué par le stress causé par le fait de prendre soin d’animaux ou de personnes traumatisés ou souffrant. »
L’usure de compassion est aussi connue comme « trouble de stress traumatique secondaire » (STSD). Les symptômes du STSD sont similaires au TSPT (trouble de stress post traumatique), l’usure de compassion peut mener à une dépression et à des pensées suicidaires.
Une enquête, réalisée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) s’est intéressée spécifiquement aux vétérinaires américains par rapport à ces maux si répandus que sont la dépression, la maladie mentale et le suicide. Plus de 10 000 vétérinaires ont répondu au questionnaire, dont 69 % de praticiens pour animaux de compagnie.
Ces résultats suggèrent que près d’un vétérinaire américain sur dix souffre de détresse psychologique grave et plus d’un sur six a envisagé le suicide depuis l’obtention de son diplôme. Des données complémentaires restent cependant nécessaires pour mieux caractériser les facteurs de risque sous-jacents du comportement suicidaire chez les vétérinaires et identifier les méthodes de prévention efficaces. prevalence of risk factors for suicide among veterinarians, United States, 2015.
Pourtant, très peu de gens parlent de ces facteurs de risques très fréquents et très réels. Il est à parier que pour la majeure partie des gens, travailler dans le domaine comme soigner des animaux est plus rationnel qu’émotif. C’était tout à fait mon cas.
Peut-on alors nous poser la question suivante : L’usure de compassion est-il un réel risque professionnel que nous soyons vétérinaire, employé d’un refuge, soyons associé à un service de capture-stérilisation-maintien, ou que nous soyons un agent de contrôle animalier ?
Selon Mme Jessica Dolce, éducatrice certifiée sur l’usure de compassion :
« L’usure de compassion est un risque professionnel de notre travail avec les animaux. Notre travail exige que nous répondions de façon compatissante et effective à la demande constante d’aider ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin. »
Selon sa suggestion « Définir des limites personnelles est difficile quand il s’agit de bien-être animal parce que ce n’est pas ‘juste un travail’ – c’est comme une religion. »
Quelles sont donc les raisons ? On connait tous le peu de chance d’adoption d’un chat ou de chien lorsqu’il entre dans un refuge. La majeure partie des chats sont euthanasiés par manque de place et bien entendu par manque de mesure obligatoire pour la stérilisation. Il est connu que le nombre de chats est démesuré versus le nombre d’adoptants possibles. Les chiens n’y échappent pas souvent avec les possibles problèmes de comportement et ou de santé à cause du mauvais traitement reçu dans le passé.
Les euthanasies sont souvent exécutées dans l’établissement même, par le personnel ou le vétérinaire exécutant le tout, assistant, ou transportant les corps.
Les familles d’accueil étant de plus en plus difficiles à trouver pour quelques jours, ou jusqu’à l’adoption, vétérinaires et bénévoles prennent autant d’animaux que possible à leur domicile.
Selon Mme Molly Sumner, une gardienne QPR certifiée qui aide les gens en temps de crise, note que ceux ayant une profonde compassion envers les animaux endossent un lourd fardeau. Parce que les animaux ne peuvent pas parler pour eux-mêmes, les sauveteurs ont l’impression qu’ils doivent dépasser leurs propres limites pour être la voix de ceux dans le besoin.
Nous qui travaillons près des animaux, sommes-nous capables de faire une gestion du stress adéquate ? Sommes-nous capables de s’auto-soigner ? Sommes-nous si souffrants ?
Selon ma perception, peu importe notre rôle dans cette cause, nous en souffrons tous à différents degrés. Notre empathie et notre amour pour les animaux que nous côtoyons, nous rend plus vulnérables. Notre volonté d’en sauver un, puis un autre, puis tous n’est pas rationnelle. Elle est très émotive et nous manquons souvent d’énergie, de temps, de bras, d’entraide, et bien entendu de moyens financiers pour le…la, les sauver.
N’y aurait-il donc pas une façon de faire autre ? La gestion du stress, ainsi que la souffrance auxquelles nous sommes tous témoins de proche ou de loin, ne devraient-elles pas être enseignées ? Ne devrions-nous pas être prévenus des risques du métier et des moyens de se protéger ?
Si tu crois souffrir de l’usure de compassion, je t’invite à faire le test, et aller vers des groupes de soutien. http://www.redpsy.com/pro/tuc.html