No products in the cart.
Le viol conjugal
Tout d’abord, il est essentiel de mentionner pour débuter ce blogue que le viol conjugal est une notion qui reste encore extrêmement taboue dans notre société actuelle. Mes recherches tant sur internet que sous d’autres formes prouvent encore cette notion.
Malheureusement ce tabou s’explique principalement, par la notion de « devoir conjugal », qui est encore très présent dans notre esprit.
Mais qu’est-ce que le viol conjugal ?
Le viol conjugal est une forme de violence exercée par le partenaire intime. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) le viol conjugal est défini comme suit : les violences entre partenaires comme « Tout comportement au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles, aux personnes qui sont parties à cette relation, y compris des actes d’agression physique, des rapports sexuels forcés, entre autres formes de coercition sexuelle, de la violence psychologique et des comportements autoritaires ou tyranniques. »
Mais qu’est-ce que le viol conjugal selon la loi au Québec ?
L’article 222-23 du Code pénal définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il s’agit d’un crime puni de 15 ans de prison.
La notion de devoir conjugal est mise à mal seulement en 1990, lorsque la jurisprudence sanctionne le viol conjugal. Les nombreuses victimes, ne sont pourtant pas toujours au courant que le viol entre époux est réprimé au même titre qu’entre toutes autres personnes.
Si la loi ne mentionne pas le viol conjugal en ces termes, la justice dès 1990, lui applique la même sanction.
La jurisprudence sur le viol conjugal ne s’arrête pas là : en 1992, les tribunaux précisent que la présomption de consentement des époux peut être combattue pour prouver ce crime. En clair : les époux sont présumés consentants à tout acte sexuel, mais l’un d’eux peut prouver qu’il l’a refusé, le viol conjugal est alors caractérisé.
Plus qu’un viol entre inconnus, le viol entre époux est d’autant plus lourdement sanctionné à compter de la loi du 04 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple. Ce n’est pas 15 ans mais 20 ans de prison que risque désormais l’auteur des faits criminels.
Et le consentement dans tout ça ?
Il est important d’insister que le fait d’être en couple ne remet pas en cause l’importance de la notion de consentement. En simple, ce n’est pas parce que tu as une relation intime avec une autre personne, et que tu as des relations sexuelles de façon fréquentes, que tu habites avec celle-ci, que tu y sois mariée, que tu as l’obligation d’avoir des rapports sexuels avec cette personne.
Si tu ne te sens pas bien, si tu sens que quelque chose cloche, si tu te sens forcée, mal dans cette forme de demandes ou débats, écoute ton instinct. La menace et le chantage sont deux bons indices que tu es ou a été agressée.
La surprise tout comme la menace et le chantage est un élément clé : la jurisprudence a admis que l’acte sexuel commis sur l’autre époux pendant son sommeil pouvait constituer un viol.
Si tu sens un « hic » c’est forcément car il y en a un ! Écoute-toi et écoute ton corps. Tu te dois de faire quelque chose si tu ce n’est pas ce que tu veux.
Dans la plupart des cas, la violence sexuelle au sein d’un couple est accompagnée de d’autres types de violences. Voici un excellent site de référence si tu as des questions, SOS Violence conjugale. (24/24, anonyme et confidentiel)
Pourquoi les femmes tolèrent-elles cette forme de violence?
Car la violence dans les relations interpersonnelles s’inscrit dans une dynamique de manipulation et de contrôle. De façon générale, l’agresseur manipulera l’autre de façon à ce qu’elle perde toute confiance en elle, tout estime d’elle-même, jusqu’à ce qu’elle pense qu’elle ne mérite¬¬ pas mieux. Beaucoup de femmes croient encore qu’en couple, le consentement sexuel est implicite¬¬, et que le viol conjugal n’existe pas. Mais au contraire, il est important dans tout contexte de constamment renouveler le consentement sexuel et de savoir qu’il peut être retiré à tout moment. Et c’est aussi pour cela qu’il faut répéter et répéter l’information, les bonnes notions, et que l’information juste soit facile à trouver pour chacune de nous.
Est-ce que nous banalisons encore cette forme de violence ?
Je crois que oui, et la culture du viol en est une preuve directe. La société n’approuve pas la violence sexuelle, mais la façon dont elle traite cette forme d’abus et les femmes en général est symptomatique de cette banalisation. La société et le système juridique du Québec remet les victimes en question, et ce n’est qu’un infime pourcentage des agresseurs qui sont condamnés. Il est très difficile pour une femme de dénoncer, de prendre son courage. Le soutien que ces courageuses auront est très souvent extrêmement minime.
Les conséquences psychologiques sur la victime ?
Le viol est un crime particulièrement violent, qui touche à l’inimité la plus profonde de l’être. Lorsque l’acte est commis entre conjoints, les conséquences peuvent être autant désastreuses. A la pénétration sexuelle commise en l’absence de consentement s’ajoutent la trahison du partenaire d’une part, la difficulté à prouver l’existence du crime d’autre part. Les psychologues ont tendance à recommander à la victime de ne pas garder le silence : traduire l’auteur du viol conjugal devant la justice contribuerait à aider la partenaire à se reconstruire. De nombreuses victimes ressentent de la honte ou conservent, si ce n’est de l’amour, une part d’affection pour leur conjoint.
Je t’invite également à regarder l’excellent court-métrage de Mara Joly sur Vimeo.
Pour vrai (The way you touch me) de Mara Joly.
Voici quelques statistiques (assez surprenantes !) on peut le dire…
– Plus de la moitié (53 %) des victimes sont âgées de moins de 18 ans
– 29 % des femmes victimes d’agressions sexuelles dans un contexte conjugal ont été agressées par leur conjoint
– 87 % des victimes d’agression sexuelle sont des femmes
– Près de 8 victimes sur 10 (80 %) connaissent leur agresseur
Sources : Ministère de la Sécurité publique.