Le silence ; meilleur complice du maltraitant

Le silence est toujours le meilleur complice pour celui qui agresse. Quand on est une victime, il est pourtant nécessaire de briser celui-ci pour y mettre enfin des mots.

Le silence m’a toujours rendue folle, particulièrement dans mes relations personnelles. Cette zone grise où j’étais pendue à un fil à imaginer tous les scénarios, et bien sûr, principalement les pires. J’ai dépensé tellement d’énergie à essayer de comprendre ce vide, ce silence, ce non-retour de l’autre, et sans aucun doute à comprendre ce grand manque de respect.

Le silence m’a toujours troublée, au point que je n’ai pas toujours su quoi faire avec celui-ci. Dans mon cas, il a toujours été certes des plus meurtriers, des plus douloureux. De faire avec celui-ci est encore une chose que je continue de « travailler » constamment. Tenter de rationnaliser l’irraisonnable et l’incompréhensible.

Cela m’a pris beaucoup de temps à réaliser que le silence est une forme de contrôle de l’autre personne. Selon mon expérience et ma sensibilité, cette forme de contrôle était pour moi d’une grande violence psychologique. Comme une atteinte en plein cœur, dix fois pire qu’une violence verbalisée ou qu’un coup de poing.

Le silence est l’une des « parfaites façons de faire » pour un maltraitant pour conserver « sa proie ou sa victime » en position où elle n’ose pas bouger. Elle attend…et s’il y avait de l’espoir ? Si la situation n’était pas si pire ? Si j’imaginais le pire pour rien ? S’il reprendrait ses esprits ? Si son comportement était de ma faute…

Il y a bien des chances que tu ne reconnaisses ses questions, n’est-ce pas ? Ces questions qui nous aliènent.

Mais qu’arrive-t-il enfin quand la « victime » brise enfin ce pacte du silence ?
Oui, tu as bien lu. Le silence est un pacte des deux côtés, tant celui du maltraitant que de la victime. Quand nous les victimes, restons en silence, nous protégeons particulièrement celui qui nous maltraite ou qui nous a maltraités.

C’est évident par notre silence, que notre « bourreau » conserve son pouvoir et donc son droit de continuer à poser ces gestes violents, peu importe la forme.

Il nous appartient donc à nous, nous toutes de briser ce pacte de silence. Oui, je sais, ça prend tout notre courage pour nous tenir debout dans cette situation.
Notre peur est aussi un excellent complice pour notre agresseur.
C’est par contre aussi notre responsabilité, comme nous avons la responsabilité de tout faire ce qui est notre pouvoir pour aller mieux, nous en sortir et guérir, de briser ce silence.

C’est aussi notre responsabilité à tous et toutes, de prendre conscience de cette forme de violence et d’aider les victimes de ces espaces « privés » d’humiliation et parfois même de torture.
Car le silence nous tord le ventre.
Trop souvent.

Car je crois aussi qu’en 2018, aucune victime ne devrait encore se sentir seule, car nous avons tous et toutes le pouvoir de dénoncer, de mettre des mots sur cette forme de violence. Nous avons tous et toutes le pouvoir de croire et d’encourager une personne vivant cette forme de maltraitance.

Sois courageuse. Il est temps pour toi de briser ce malheureux pacte du silence.

Je te recommande l’excellent livre : Comprendre la violence dans les relations amoureuses de Joane Turgeon, ainsi que ces autres livres très aidant :

Les manipulateurs sont parmi nous d’Isabelle Nazare-Aga
Les manipulateurs et l’amour d’Isabelle Nazare-Aga