Demeurer à la maison avec un conjoint violent ? Pire que le COVID-19 !

Il est déconseillé de sortir mais il n’est pas interdit de fuir !

On répète le message depuis des mois ; l’endroit le plus dangereux pour les femmes victimes de violence, c’est leur propre maison. C’est encore le cas et ce, encore plus que jamais, pendant une pandémie mondiale. Dans une dynamique de violence conjugale, le confinement augmente le degré de DANGEROSITÉ. Ce n’est pourtant pas très compliqué à comprendre.

J’aurais bien aimé un petit point de presse de la ministre en charge du dossier de violence conjugale pour mentionner que les ressources étaient encore disponibles et de quelles façons les services sont encore ouverts pour les victimes. Le confinement à débuter pour beaucoup d’entre nous la semaine dernière. Aucun point de presse, aucune mention sur la page Facebook de la Ministre. Plusieurs pages Facebook sont peu animées. Il est pourtant impératif de continuer de diffuser toutes les informations sur les signes de la violence et quoi faire si nous sommes victimes.

L’Espagne nous surpasse une fois de plus en annonçant en date du 18 mars, un plan d’urgence contre les violences au sein d’un couple pendant le confinement. Un plan très efficace et on ne peut que féliciter l’initiative mais aussi la proactivité de ce pays. Il serait peut-être temps que nous en fassions autant ! Les réseaux sociaux doivent être efficaces en cas de crise pour tous et toutes, particulièrement pour les populations vulnérables. Nous avons transmis l’information de rester chez soi ; Il est temps de passer les informations essentielles pour éviter une hausse des cas de violence et d’assurer le soutien aux victimes.

Donc demeurons à la maison ! Par contre, rester à la maison avec un conjoint violent, ça peut être d’autant plus dangereux que de fuir. En fait, le message que nous devons envoyés aux victimes, c’est demeurez à la maison pour éviter une propagation oui, mais ça ne veut pas dire de ne pas quitter un conjoint violent.

Pour la plupart d’entre nous, écouter les conseils des responsables de la santé publique et pratiquer une distance sociale est assez simple, quoique le tout ne soit pas plaisant et sans irritant.

Nous convenons que d’éviter les espaces publics et travailler à distance peut aider à réduire la propagation de COVID-19. Mais pour de nombreuses femmes victime de violence, rester à la maison n’est certainement pas l’option la plus sûre.

Nous savons depuis longtemps que tous les facteurs externes qui ajoutent du stress, qu’il soit émotionnel ou financier peuvent affecter négativement les victimes et créer des circonstances où leur sécurité est compromise. La peur, l’anxiété de la mise en quarantaine de façon prolongée ainsi que la pression économique exercée sur de nombreuses familles contribue déjà tel que rapporté, à la hausse de la violence conjugale en Chine et en Italie. En parallèle, les systèmes de soutien aux victimes de violence conjugale sont affaiblis.

Naturellement, quelqu’un qui n’est pas violent ne le deviendra pas soudainement en temps de pandémie. L’un des principaux moyens pour un homme violent est d’isoler sa victime et donc de la couper de ses relations ; famille, amies, collègues. Ne pas pouvoir aller travailler ou être confiner avec un homme violent, peut certainement augmenter la vulnérabilité. Si nous ajoutons à cela, tous les moyens de contrôle mise en place dans une relation de violence, les enfants à la maison, les animaux de compagnie, la peur, l’anxiété, l’aspect financier, la surcharge des femmes avec les tâches ménagères, nous arrivons à une équation assez explosive.

Le coronavirus peut conduire les gens à être piégés dans des relations abusives, non pas à cause du virus lui-même, mais à cause de tous ses impacts. Il est de notre responsabilité sociale, d’être encore plus à l’écoute, d’être attentifs aux signes de violence et de prendre soin les uns des autres.

Il est tout à fait normal que tout le monde s’intéresse à la pandémie, mais les victimes de violence conjugale ne devraient pas être négligées pour autant. Bien au contraire, elles méritent plus d’attention et de soutien, car les impacts sont bien loin d’être terminés, même après la pandémie…

Il est temps pour nous d’être encore plus à l’écoute et de rester à l’affût des signes de violence, que ce soit dans notre propre relation ou dans le lien que nous entretenons avec nos propres qui est impératif de resserrer.
Soyons plus que jamais imaginatif et proactif dans notre façon de partager et de diffuser l’information et de venir en aide aux victimes.

Rappelons que la ligne sans frais de SOS violence conjugale est ouverte (1-800-363-9010) ainsi que la ligne ressource pour agressions sexuelles (1-888-933-9007) et toutes les maisons d’hébergement.